7 menaces qui pèsent sur les entreprises déconnectées de leur territoire

 « L’innovation, ce n’est pas une idée nouvelle que l’on a, c’est une vieille croyance que l’on abandonne » affirme l’explorateur suisse Bertrand Piccard. Prenons le proverbe souvent bien connu des industriels : pour vivre heureux, vivons cachés. Cette politique de fermeture au territoire vous fera connaître 7 graves difficultés.

1 Menace sur votre image et votre réputation

Votre entreprise n’a jamais vraiment travaillé son capital relationnel dans son territoire d’implantation. Alors, elle prend le risque de ne pas avoir d’image ou de voir son image globManagement parties prenantesale dégradée. Le risque peut s’avérer encore plus grand. Notamment lorsque le grand public s’aperçoit que votre joli message des publicités ou des rapports annuels n’est pas conforme à la réalité que vivent les riverains ou les salariés de vos usines. S’appuyer sur une bonne image locale
ricoche toujours sur le global. La preuve : Michelin, Airbus et Yves Rocher, avec leur fort ancrage local, arrivent en tête du dernier baromètre IFOP Posternak sur l’image des entreprises françaises.

2 Menace sur votre attractivité pour les compétences

L’industrie souffre d’une image négative auprès des jeunes qui ne s’orientent plus vraiment dans ce secteur. Toujours dans l’industrie, rappelons également qu’un recrutement sur deux est jugé difficile. Ainsi, les entreprises qui réussissent mieux que les autres dans leurs recherche de compétence ont engagé des démarches volontaristes.  Elles consistent dans leurs territoires à échanger et tisser des partenariats avec le monde de l’éducation, de la jeunesse, de l’emploi voire avec d’autres entreprises. Votre ancrage territorial est une manière de vous différencier d’autres employeurs et de devenir un employeur de choix pour vos futurs recrutés.

3 Perte de confiance des parties prenantes du territoire

Boycottage, manifestations, occupation des lieux de travail, pressions sur les dirigeants politiques pour qu’ils fassent cesser, reporter ou modifier un projet… Ces problèmes font augmenter les coûts d’un projet et peuvent affecter la capacité de l’entreprise à atteindre ses objectifs. Pour des raisons politiques, économiques, culturelles ou environnementales, de rejet des populations locales, une entreprise peut être obligée de quitter un territoire ou de renoncer à s’implanter dans un autre.

La « licence to operate » se traduit en français par le permis d’exploiter un site. Bien sûr, ce permis d’exploiter va bien au-delà de la seule logique d’autorisation administrative. Sans décodeur : il vous faut désormais mériter le droit d’exercer votre activité par un dialogue permanent et fructueux avec les communautés locales.

4 Menaces sur votre compétitivité

Ainsi, ne pas s’intéresser à votre territoire d’implantation peut vous couper de véritables opportunités de croissance. Pour certaines entreprises, l’environnement local conditionne carrément le business. Par exemple, Evian protège son impluvium avec les acteurs de son territoire (élus, agriculteurs…).

Egalement les projets collaboratifs portés par les pôles de compétitivité permettent d’innover en meute dans une logique d’écosystèmes territoriaux. De même, avec le recours de plus en plus appuyés aux conditions sociétales dans les critères d’attribution des marchés publics, l’entreprise est amenée à se positionner de plus en plus en « régional de l’étape ».

Aussi, les clients locaux sont de véritable marchés tests pour vos produits qui une fois adaptés pourront partir ensuite à la conquête du monde. C’est le chemin poursuivi par la CAMIF avec son tour de France du Made in France. Ses ateliers collaboratifs permettent aux clients d’imaginer et de concevoir les meubles de demain directement chez les fournisseurs…

5 Perte de contrôle pour gérer les crises

En temps de crise, c’est plutôt sauve qui peut… Naturellement c’est souvent en local que les témoignages peuvent venir vous aider et contrebalancer une attaque médiatique.

Le PDG de Lactalis a récemment eu à souffrir de sa politique d’entreprise fondée sur «  le bruit ne fait pas de bien » lors de la crise du lait. Résultat, une perte totale de contrôle avec l’emballement médiatique ! Personne, aucun allié politique ou entrepreneur local, pour venir le défendre et rappeler que le bien ne fait pas de bruit. Le résultat de cette approche : beaucoup de bruit… négatif. Et l’image d’une entreprise dégradée pour longtemps alors qu’une stratégie d’ancrage territorial pensée en amont aurait pu permettre de limiter la casse. La persistance de telles pratiques sont un eldorado pour les consultants en communication de crise. Mais avouons qu’il vaut mieux anticiper…

6 Menaces sur votre influence dans le territoire

Il est des moments dans la vie d’une entreprise où développer son influence est nécessaire pour faire passer son message et défendre ses positions en s’imposant en douceur. Appelons cela le « soft power local » des entreprises.

Sans ancrage territorial difficile d’avancer vos pions. Il faut donc organiser vos relais et entretenir vos réseaux… Par exemple, en cartographiant vos parties prenantes et en développant une approche systématique de contacts réguliers. Faute de quoi les décisions se feront sans vous et vous seront forcément défavorables : obtenir une subvention, peser sur une décision d’infrastructure, choix de fiscalité locale…

7 Menace sur la motivation de vos collaborateurs

Cette dernière menace peut sembler a priori incongrue. Pourtant, en regardant de près, imaginez votre entreprise sans visibilité, sans alliés, sans notoriété dans son territoire…

Quel impact sur vos collaborateurs ? Un sondage de l’Université Duke a révélé les bénéfices associés à un leadership inspirant et éthique. Celui-ci inculque aux employés le sens des responsabilités dans l’entreprise et augmente la performance organisationnelle. Autrement dit : une culture d’entreprise qui prend ses communautés locales au sérieux agit forcément sur l’engagement à travers la fierté d’appartenance.

 

Finalement, votre entreprise a toujours le choix stratégique entre « to be or not to be » : jardiner son territoire avec méthode ou bien brûler le terreau sur lequel elle travaille. Je vous laisse deviner la stratégie qui au final va vous permettre de surperformer et de dormir tranquille…

 

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *